Le portail

 

Le portail symbolise la séparation entre le monde profane et le monde sacré où on entre après avoir laissé derrière soi la routine quotidienne, les problèmes non résolus et les difficultés.

 

La traversée du portail est particulière : on entre dans le monde sacré en chantant un chant traditionnel polyphonique Ta-ta-tai ciutela et en tournant autour des piliers du portail pour, d’une certaine manière, les honorer.

 

Alors seulement on peut se laver les mains afin de se purifier symboliquement, se débarrasser de tous les soucis qui nous encombrent et accueillir la fête, propres et prêts à renaître.

 

Kupolé 

C’est le symbole central de la fête. Kupolė est un mât élevé, décoré abondamment de fleurs et de plantes des prés, une sorte d’arbre de vie.

Il symbolise l’exubérance et la beauté de la nature au moment du Solstice d’été, quand le soleil et la nature atteignent leur puissance maximale : ce sont les nuits les plus courtes et les jours les plus longs, la végétation est la plus belle et la plus abondante, elle passe de la fleur au grain en donnant ainsi le début à une nouvelle vie.

 

Pour les Hommes, c’est le moment des mariages. Pendant la nuit de Rasos (de Saint-Jean), les filles qui souhaitent se marier lancent leurs couronnes de fleur dos au Kupolė en tentant de les accrocher au mât. Le nombre de tentatives nécessaires signifie le nombre d’années qui vont passer avant cet événement heureux.

 

 La cueillette des plantes (kupoliavimas)

 

Pendant le Solstice d’été, les plantes sauvages sont au sommet de leur pouvoir de guérison et de leur magie. En lituanien, on les appelle kupolės. Le nom vient du verbe kupoti qui signifie pour les plantes et les céréales d’être matures, bien portants et pleins de vitalité. Après le Solstice, cette vitalité et cette abondance diminuent, alors on se dépêche de les cueillir avant la Saint-Jean.

Autrefois, pendant la nuit de Saint-Jean, on confectionnait des bouquets magiques composés de kupolės pour se protéger de mauvais esprits, pour faire des prédictions… Pour savoir son avenir, le bouquet devait être composé de neuf plantes différentes cueillies par trois dans trois endroits différents en faisant à chaque fois trois pas dans une direction différente. La cueillette se faisait individuellement et en observant le silence. Ensuite les femmes savantes, ziniuonės, expliquaient à chacun la signification de son bouquet.

Les gens d’antan croyaient que marcher dans l’herbe jeune et cueillir des herbes médicinales les renforçaient et les protégeaient.

 

Couronnes de fleurs

La couronne n’a pas de début ni de fin. C’est un symbole d’éternité, de répétition permanente.

Une couronne de fleurs est confectionnée en tressant les plantes et les fleurs, on la place ensuite sur sa tête – on se couronne soi-même. Le cercle signifie la plénitude, l’harmonie, l’achèvement, la perfection.

Ainsi la couronne comme un cercle composé de fleurs nous permet de vivre cette plénitude venue de la nature, et à travers les plantes – de vivre l’énergie de l’Univers.

Chacun, femme, homme et enfant, doit faire sa propre couronne.

 

 

Hommages aux céréales et au pain

Les céréales (le blé, le seigle, l’avoine, l’orge ou autre) sont un élément très important de la fête de Rasos.

Autrefois, les jeunes filles portant les couronnes de fleurs ou les jeunes hommes munis de flambeaux tirés du grand feu de la fête de Rasos devaient marcher autour des champs de céréales pour assurer ainsi la protection contre les phénomènes naturels désastreux et pour favoriser une bonne récolte.

La marche en faisant le tour des champs a la même signification que le cercle de la couronne de fleurs.

Les céréales ce sont le futur pain.

Le pain c’est le symbole de la vie humaine et de la prospérité. Le pain était particulièrement respecté et préservé par nos ancêtres.

En chantant les chants traditionnels et polyphoniques (sutartinės), nous rendons hommage au seigle et au pain et nous exprimons notre gratitude pour la prospérité de notre vie.

Ensuite nous partageons le pain entre nous et exprimons par ce geste la solidarité et l’entraide.

 

Hommages aux chênes

Depuis toujours les Lituaniens considèrent le chêne avec un grand respect comme un arbre sacré et un intermédiaire entre ici et l’au-delà. Les forêts de chênes accueillaient les lieux de culte de l’ancienne religion païenne balte. En chantant les chants dédiés au chêne, nous pensons d’abord à notre pays en lui souhaitant d’avoir la force et la longévité du chêne aux moments cruciaux de l’histoire.

 

L’Autel

En allumant l’Autel, nous rendons hommage au culte païen de nos ancêtres baltes car pour eux cette croyance fut depuis toujours du plus grand appui et de la plus grande importance.

Tous les moments importants de la vie étaient accompagnés de rituels du culte qui changeaient en fonction des croyances religieuses.

Un être humain est un être spirituel, alors chacun de nous peut s’adresser à son Dieu (ou à un autre Esprit divin) selon sa propre croyance en profitant de l’Autel de feu, issu du culte balte.

Lors de la cérémonie du lancement des grains de céréales dans le feu sacré d’Autel, nous remercions le(s) Dieu(x) et lui(leur) confions notre vie quotidienne avec toutes ses peines et joies. 

En offrant  la poudre d’ambre nous méditons sur nos propres rêves et souhaits et nous sollicitons leur accomplissement.

 

Le Rituel d’adieu au soleil couchant

Le Soleil est au cœur de l’événement car, au moment de la fête de Rasos, il atteint son apogée. En latin, le mot solstitium signifie le soleil statique, arrêté. Quand le soleil s’arrête dans le ciel, l’homme doit arrêter de travailler et commencer à fêter. Auparavant, la fête de Rasos durait une semaine.

En chantant les chants destinés au coucher du soleil, nous disons adieu à l’astre qui commence son chemin vers l’hiver et dont la lumière et la chaleur nous accompagnera de moins en moins. A l’année prochaine !

 

L’allumage du grand feu

Depuis toujours, la nuit de la fête de Rasos, un grand feu est allumé pour préserver la lumière du soleil pendant la nuit la plus courte de l’année et pour assurer ainsi au moins une fois dans l’année la victoire de la lumière contre les ténèbres.

Il est allumé avec le feu de l’Autel qui est sacré et purificateur. On rapportait autrefois des braises de ce feu dans sa maison pour la protéger.

Les sauts par-dessus le feu, pendant la nuit de Rasos, sont un rituel destiné à ceux qui veulent avoir une meilleure santé, rassembler leurs forces pour les travaux d’été et se protéger des incendies. Et si jamais un garçon et une fille arrivent à sauter par-dessus le feu main dans la main, cela signifie qu’ils se marieront durant l’année.

 

La mise des couronnes de fleurs à l’eau

Ce rituel rend hommage à l’union des quatre éléments de l’Univers : la terre, l’air, le feu et l’eau. Les couronnes, avec un petit feu fragile à l’intérieur, sont déposées sur l’eau et symbolisent le voyage de l’être humain sur la rivière de la vie. Nous pouvons observer les feux s’éloigner en espérant qu’ils ne s’éteignent pas, surtout si le temps est mauvais.

Les couronnes d’un garçon et d’une fille qui se rencontrent prédisent leur union cette année.

 

L’allumage de stebulės

Stebulės sont de hautes constructions décoratives sur de longs mâts ornés de symboles de culture balte. Elles symbolisent le point culminant du voyage du soleil. La nuit de Rasos elles sont brûlées. Selon les sources, le feu cette nuit doit éclairer le plus loin possible car tout ce qui sera éclairé par ce feu – les jardins, les vergers, les animaux, les maisons-  bénéficiera de la bénédiction pour toute l’année. On croyait également que le feu de ce rituel apporte la pureté d’esprit et protège des maladies.

 

La Fleur de fougère

Nous savons bien que cette plante ne fleurit pas. Néanmoins selon les sources folkloriques, au cours de la nuit de Rasos, la fougère fleurit à minuit et sa fleur brille dans l’obscurité. La légende dit que seules les personnes courageuses, persistantes et généreuses peuvent la trouver.

Pour trouver la fleur de la fougère, il faut partir à la recherche d’une fougère avant minuit et, une fois trouvée, attendre minuit en résistant aux intimidations des esprits maléfiques. Si la personne résiste et ne s’enfuit pas, il se peut qu’à minuit elle verra éclore la fleur de la fougère ouvrant le chemin vers la sagesse. Elle reçoit donc le don de clairvoyance, retrouve le bonheur, l’amour et l’amitié. Mais il y a une condition: on ne peut pas utiliser les dons reçus à des fins égoïstes, sinon les pouvoirs de la fleur disparaissent.

Celui qui trouve la fleur reçoit le don de comprendre le langage des oiseaux, des animaux et des plantes, il devient protecteur de la nature et vit en harmonie avec elle.

 

Le salut du soleil levant

À l’aube tout le monde se réunit sur une colline pour saluer le lever du soleil.

Des chants rituels sont chantés, on se lave avec la rosée du matin. Ce matin on disait que le soleil « se fait beau », « sautille », « s’entoure de couronnes ». Mme Glemzaite écrivait: « Le lendemain de Rasos, le soleil est entouré de couronnes. Ces couronnes tournent autour de lui, dansent… Certaines couronnes sont roses, d’autres peuvent être multicolores comme un arc-en-ciel. Les jeunes du village attendent le lever du soleil pour voir ces couronnes. Après, ils se vantent de les avoir vues plus d’une fois ».

 

 

« La voilà notre Rasa. Aimons-là et fêtons-là, pour imprégner nos cœurs et nos esprits de sa rosée, pour ne pas laisser s‘éteindre en nous l‘âme de ce qui est lituanien, pour préserver les reflets de ce feu d‘été, pour ne pas permettre au vent d‘étouffer le feu fragile d‘une bougie, le sacrement de l‘éspoir, entouré des eaux obscures. C‘est notre devoir de la préserver, pour nous et pour les générations à venir, voir même lui inspirer une nouvelle vie, allumer en elle un nouveau feu ». Aleksandras Žarskus

 

La description des rituels de la fête de Rasos est basée sur les ouvrages de J. Vaiškūnas, L. Klimka, A. Žarskus et autres. Traduit en français par Eglė Baranauskaitė et Lina Baranauskaitė.